- 2025年8月25日
Apprendre le structuralisme et le réalisme par l’argent (monnaie marchandise / monnaie de crédit)
Apprendre le structuralisme et le réalisme par l’argent (monnaie marchandise / monnaie de crédit)
Une entrée simple et concrète : structuralisme vs réalisme à partir de la monnaie
Tout ce qui peut être formulé en termes réalistes peut aussi être reformulé en termes structuralistes. Le plus sûr est de le montrer par la pratique. La monnaie s’y prête idéalement, à la fois comme étude de cas et comme exercice. De façon concrète, on peut traiter la monnaie marchandise comme réaliste, et la monnaie de crédit comme structuraliste. Mieux comprendre la monnaie, c’est aussi gagner en littératie financière.
En réalité, la monnaie combine les deux dimensions. Parfois, il est utile de la considérer comme chose (réalisme) ; d’autres fois comme structure de relations (structuralisme). Règle pratique :
- Si l’on manipule la monnaie comme objet physique (pièces, lingots), la perspective réaliste est commode.
- Si l’on regarde la monnaie via la finance, l’intermédiation ou la partie double, la perspective structuraliste clarifie.
La monnaie marchandise (pièces d’or/d’argent) s’accorde bien au réalisme. La monnaie de crédit (monnaie scripturale/dépôts créés sur les livres des banques et de la banque centrale) s’accorde bien au structuralisme. La monnaie convertible a historiquement fait le pont ; les crypto‑actifs ajoutent une couche récente. Ainsi, le système monétaire est stratifié, à la manière de couches géologiques.
Forme vs fonction : regarder la forme (chose, figure) relève du réalisme ; regarder la fonction (rôles, relations, interactions) relève du structuralisme. L’objectif est une philosophie utile, applicable au quotidien.
Petite histoire de la monnaie
Les débuts recourent à des objets utiles et intrinsèquement précieux : métaux (or/argent/cuivre), coquillages, voire grandes pierres (Yap). C’est la monnaie marchandise : du troc monétisé.
L’« argent liquide » facilite les petits paiements mais devient lourd pour les grands. D’où l’émergence d’instruments de crédit (chèques, lettres de change) puis du papier‑monnaie. Schéma classique : des orfèvres gardent les pièces en coffre et émettent des reçus ; ces reçus deviennent transférables et circulent comme monnaie. Le prêt peut alors se faire par émission de reçus. L’orfèvre est l’ancêtre de la banque.
Monnaie et partie double
Aujourd’hui, l’essentiel de la monnaie est scripturale (dépôts), non fiduciaire. Elle existe d’abord comme écritures comptables. Faire fonctionner ce système requiert pratiquement la tenue de livres en partie double : à tout débit correspond un crédit, préservant l’identité Actif = Passif + Capitaux propres.
Création stylisée d’un prêt :
Actif (Débit) | Passif (Crédit)
————————-+———————
Prêts +100 000 000 | Dépôts +100 000 000
Le prêt crée simultanément le dépôt — par de simples écritures. L’usage et le remboursement passent surtout par transferts, et non par sacs de billets. Le médium est formel/fonctionnel plutôt que matériel ; ainsi, la monnaie de crédit est d’essence structuraliste.
Seigneuriage : Le coût de production des espèces est sans rapport avec leur valeur faciale. Le bénéfice (ou la perte) de l’émetteur s’appelle seigneuriage ; mais la valeur de la monnaie vient de son acceptation, non de son coût de fabrication.
Création du crédit
Les régimes monétaires varient selon les époques : Bretton Woods, fin de la convertibilité or, pétro‑dollar, réseaux de paiement, tendance multipolaire. Quelle que soit l’architecture, le prêt crée le dépôt : un droit et une obligation naissent ensemble — la création de crédit.
Les banques centrales fournissent des réserves aux banques ; les banques prêtent aux entreprises et ménages. Historiquement, plusieurs émetteurs privés ont coexisté ; les banques centrales se sont imposées pour stabiliser et coordonner. Elles sont prêteur en dernier ressort en crise, et en temps normal ajustent les conditions initiales (taux, bilan).
Base monétaire, masse monétaire, et « multiplicateur »
Les opérations de la banque centrale accroissent la base monétaire. Au fil des prêts et paiements, les dépôts circulent ; la masse monétaire (au sens large) dépasse la base. On décrit cela via le multiplicateur monétaire/de crédit — en pratique, il dépend du capital, de la régulation, du risque et de la demande. L’essentiel : l’essentiel de la monnaie naît dans le système bancaire sous forme de crédit, inscrit en comptabilité.
Les scrupules moraux (« reprêter l’emprunté », « et si tout le monde retirait ? ») sont anciens. D’où statistiques (loi des grands nombres), règles prudentielles et filet de sécurité (prêteur en dernier ressort). Si l’on abolit le système formel, la finance de l’ombre réapparaît.
Philosophiquement, la monnaie de crédit n’est pas une « simple illusion ». Elle ressemble, en bouddhisme, à la vacuité (śūnyatā) ; en théorie contemporaine, à un simulacre/simulation — non au sens péjoratif, mais comme forme efficace : créée « à partir de rien », soldée à « rien » au sommet comptable, tout en produisant des effets bien réels.
Post‑structuralisme et monnaie
La dichotomie pédagogique « marchandise = réalisme / crédit = structuralisme » est utile, sans être exclusive. On peut structuraliser la monnaie marchandise (valeur au‑delà du métal selon les relations et conventions), et l’on réifie couramment la monnaie de crédit dans la pratique quotidienne.
La monnaie comme stratigraphie
À la manière de l’« archéologie du savoir » (Foucault), la monnaie montre des couches. Les couches anciennes persistent ; les nouvelles s’ajoutent (pièces commémoratives, crypto). Les institutions, comme les théories, sont ré‑élaborées. On peut passer d’une monnaie‑clé unique à des pôles multiples, ou un jour à quelque chose comme l’Union de compensation internationale de Keynes — ou à d’autres formes façonnées par l’IA et la géopolitique.
Conclusion
L’exemple de la monnaie de crédit illustre la reconstruction structuraliste : à la manière de l’axiomatisation de Hilbert, on rebâtit un système à partir de termes non définis et de relations, qu’ils « existent » physiquement ou non. Aujourd’hui, l’enseignement tend vers le structuralisme par défaut ; il est précieux d’enseigner la couche réaliste historique, mais structuraliser la théorie est indispensable. Pour les années à venir, le (post‑)structuralisme, aux côtés des littératies monétaire/numérique/anglaise, restera d’une réelle utilité.